
1. Des routes et des ressources
1.1. Ouverture et maritimisation des économies
1.1.1. Révolution du transport maritime (RTM) :
1.1.1.1. Grâce au développement du gigantisme naval, de nombreuses économies d'échelle sont faites. L'augmentation de la taille des porte-conteneurs et la révolution des conteneurs (standardisation des dimensions et donc des échanges des produits manufacturés) ont favorisé une forte croissance de la productivité du transport maritime.
1.1.1.2. L'intégration totale des ports a également révolutionné la mondialisation notamment grâce aux ports asiatiques comme Shenzen ou Singapour qui dominent la hiérarchie des ports conteneurisés.
1.1.1.3. La spécialisation de ces embarcations (pétroliers, chimiquiers, méthaniers...) est également une révolution du transport maritime puisqu'elle a permis d'augmenter cette efficacité mais également de diminuer les temps et les coûts de transport.
1.1.2. Libéralisation des flux économiques et des échanges :
1.1.2.1. La levée des barrières commerciales sous l'influence des FTN et des Etats libéraux a permis de faciliter la circulation en mer grâce à l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT puis OMC). Cela a donc diminué les droits de douane et permis la libéralisation de ces flux.
1.2. Vecteurs de la mondialisation
1.2.1. Flux maritimes en hausse :
1.2.1.1. Les échanges maritimes ont connu une très forte croissance depuis la seconde moitié du XXe siècle. En effet, 90% du commerce mondial s'effectuent par transport maritime. D'ici 2050, les flux maritimes seront multipliés par 3.
1.2.2. Les communications numériques :
1.2.2.1. La majorité des flux internet transitent également par les routes maritimes. En effet, la communication par câbles sous-marins, qui connectent les pôles mondiaux, représente 99% du réseau de télécommunication mondial et s'inscrit dans la définition même de vecteur de la mondialisation. Aujourd'hui, environ 1,3 million de km de câbles sous-marins matérialisent « la toile ».
1.3. Variété des ressources marines
1.3.1. Des ressources halieutiques exploitées :
1.3.1.1. L'aquaculture et la pêche prélèvent 108 millions de tonnes de poissons chaque année. Ces ressources sont essentielles pour l'alimentation mais leur surpêche mène à un épuisement certain.
1.3.2. De nouvelles ressources qui revalorisent l'espace maritime :
1.3.2.1. Des ressources énergétiques et biochimiques comme les hydrocarbures, le sable et les minerais rares sont désormais exploitées. Les hydrocarbures représentent notamment la plus grande part des ressources énergétiques marines.
1.3.2.2. Les énergies renouvelables (EMR) le sont également notamment grâce à la mise en place de parcs éoliens qui complètent les gisements off-shore déjà présents en haute mer et qui représentent un tiers de la production mondiale d'hydrocarbures.
2. Enjeux, rivalités et tensions sur les routes maritimes
2.1. Routes et points de passage stratégiques
2.1.1. Des artères de la mondialisation :
2.1.1.1. Le principal axe du trafic conteneurisé relie 4 continents en allant de l'Europe du Nord-Ouest à la façade asiatique du Pacifique. Il traverse les principales façades maritimes : les façades occidentale et orientale (Amérique du Nord), la Northern Range (Europe) et la façade d'Asie (Est et Sud-Est).
2.1.1.2. Le transport du pétrole s'effectue principalement dans les zones d'approvisionnement. La route principale des pétroliers se situe en Asie et au Moyen-Orient. Le Golfe Persique constitue le principal point de trafic du pétrole. Les principaux points de transit sont donc les passages stratégiques aménagés, les "Choke-Points".
2.1.2. Les Choke-Points, stratégie majeure de la circulation maritime :
2.1.2.1. Les routes maritimes possèdent des points stratégiques majeurs qui permettent une fluidité considérable dans le trafic maritime : la création et l'aménagement de canaux et détroits ont donc un rôle majeur.
2.1.2.1.1. Ils sont présents partout et lient les continents :
2.2. Enjeux économiques et politiques
2.2.1. Le principal enjeu économique :
2.2.1.1. La volonté de sécuriser et de militariser les zones d'exploitation et routes maritimes par les grandes puissances maritimes (Chine, France, Royaume-Uni et Etats-Unis) est liée à un enjeu économique pour garantir une liberté de circulation totale des navires comme le détroit d'Ormuz controlé par l'armée américaine en raison des rivalités entre l'Iran et le Soudan. Ces puissances cherchent donc à tirer profit de leur action en associant le hard et le soft power.
2.2.2. Le principal enjeu politique :
2.2.2.1. Il existe cinq puissances navales disposant chacune de flottes et de bases dispersées dans le monde qui leurs permettent d'avoir une grande capacité de projection. Les tensions entre ces grandes puissances maritimes marquent un enjeu politique important notamment entre la Chine et les Etats-Unis. L'omniprésence maritime des Etats-Unis et sa rapide capacité d'intervention envie la Chine qui espère développer une flotte aussi performante notamment pour concurrencer et sécuriser les nouvelles routes de la soie.
2.3. Rivalités sur les routes
2.3.1. Des zones sous tensions :
2.3.1.1. La mer de Chine méridionale est une zone particulièrement disputée entre la Chine et les Etats-Unis en raison de son emplacement stratégique. Les Caraïbes et l'océan Glacial en raison des volontés d'appropriations des puissances maritimes qui conduisent à des tensions en particulier pour les ZEE.
2.3.2. Les passages stratégiques :
2.3.2.1. Les canaux et détroit qui permettent la circulation du pétrole sont les principaux cause de tensions. Le détroit d'Ormuz est notamment l'un des plus disputés.
2.3.2.2. La piraterie prospère dans les passages stratégiques malgré la présence des grandes puissances. Des plateformes pétrolières sont notamment ciblées par les pirates dans le Golfe de Guinée. De plus, de nombreux navires de commerces sont pillés par des pêcheurs somaliens ainsi que d'anciens gardes-côtes dans le Golfe d'Aden.
3. Appropriation et tensions autour des ressources maritimes
3.1. Droit maritime international
3.1.1. Enjeux :
3.1.1.1. Les principaux enjeux sont l'accès aux ressources, sujet de tensions entre les pays et leur préservation.
3.1.2. Trois types d'espaces maritimes
3.1.2.1. La convention de Montego Bay (1982) réglemente la territorialisation des mers et des océans notamment en définissant des espaces maritimes distincts :
3.1.2.1.1. Les eaux territoriales => souveraineté d'un Etat totale dans ses eaux qui sont assimilées à l'extension juridique du territoire terrestre.
3.1.2.1.2. Les ZEE (zones économiques exclusives) => souveraineté économique exercée avec la construction d'îles artificielles et l'exploitation des ressources.
3.1.2.1.3. La haute mer => 55% de la surface océanique en relèvent juridiquement.
3.2. Concurrences et tensions
3.2.1. L'accès aux ressources halieutiques, hydrocarbures et minérales est l'objet d'une concurrence majeure entre les puissances maritimes.
3.2.2. Des tensions sont susceptibles d'apparaître lors de la délimitation des ZEE et des frontières (cas de la mer Adriatique et des tensions entre la Slovénie et la Croatie).
3.3. Logiques concurrentes
3.3.1. Liberté de navigation face à l'acquisition des ressources.
3.3.2. Préservation du milieu face à l'épuisement des ressources et à la surpêche.