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Le silence par Mind Map: Le silence

1. Temps de parole

1.1. .

2. 1. Généralités

2.1. Silence managérial et collectif

2.1.1. En 2022, plus de 50 % des actifs se disaient gênés par le bruit au travail

2.1.1.1. Enquête « Bruit, santé auditive au travail » (Ifop/JNA Association, octobre 2022)

2.1.2. notre société est marquée par un goût forcené pour le bruit de fond, le bavardage, le babil continu, comme le montre le streaming : un flux sans fin, sans commencement et sans but, autre que celui de sʼalimenter lui-même

2.1.3. Diane Greene, ex-PDG de Google Cloud, explique que « les moments calmes sont essentiels pour penser clairement et augmenter les chances de poser les bonnes questions ».

2.1.3.1. le silence dʼun individu ne trouve son sens que dans une mise en perspective par rapport aux usages sociaux du moment = communication interpersonnelle

2.1.4. Industrial & Organizational Psychology. Alexandre Asselineau, Gilles Grolleau, Naoufel Mzoughi

2.1.4.1. prévoir explicitement des moments et des espaces de silence

2.1.4.2. Accorder des moments de déconnexion totale dans la nature,

2.2. « Le silence est une tranquillité mais jamais un vide ; il est clarté mais jamais absence de couleur ; il est rythme ; il est le fondement de toute pensée. » Yehudi Menuhin

2.2.1. “Après le silence, ce qui vient le plus près d’exprimer l’inexprimable, c’est la musique.” Aldous Huxley

2.2.2. "Sans grand silence, il n'y aurait pas d'oeuvres d'art éclatantes". Pablo Picasso

2.2.3. Sacha Guitry : « Lorsquʼon vient dʼentendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui. »

2.3. Le silence est de prime abord suspect. Quelquʼun qui ne dit rien cacherait forcément quelque chose

2.4. « Les mots que lʼon nʼa pas dits sont les fleurs du silence. » (proverbe japonais)

2.5. la pensée consciente peut être focalisée et convergente, la pensée inconsciente peut être plus associative et divergente.

2.5.1. Dijksterhuis, A., & Meurs, T. (2006). Where creativity resides: The generative power of unconscious thought. Consciousness and Cognition: An International Journal, 15(1), 135–146

2.6. "Ce qui me fait peur ce n'est pas la méchanceté des méchants mais le silence des justes." Gandhi

2.7. La parole est d'argent, le silence est d'or. Le Talmud

2.8. Chaque parole a une conséquence. Chaque silence aussi. Jean-Paul Sartre

2.9. Le silence fait plus peur que les cris. Jean Cocteau Antigone, p.53

2.10. "Le langage réalise, en brisant le silence, ce que le silence voulait et n'altérait pas." Maurice Merleau-Ponty

2.11. "Le silence renferme toutes les vérités ; la parole porte tous les mensonges." Jacques Ferron L'Ogre, p.101, in Théâtre 1

3. 2. Le silence vide

3.1. prolifération des bruits du monde, des médias, des portables, saturés par un flux ininterrompu de signaux, de paroles, de musiques d’ambiance.

3.1.1. voix intérieures incessantes de notre intériorité. pseudopodes de pensées incessantes, parasites, conversations intérieures erratiques. bourdonnement des insectes de pensée

3.1.2. Le silence est alors l’espace, presque liturgique, où se met en scène le tâtonnement vers un sens pouvant émerger du brouillage.

3.1.3. non-dit = forme particulière de silence

3.1.3.1. une étoile vide, une courbure de l’espace psychique, « trou noir » de gravité infinie, mais qui n’est pas vu.

3.1.3.2. secret oublié au creux d’un cachot neuronal.

3.1.4. passer sous silence quelque chose dont on sait qu’il ne peut passer, à moins d’être dissimulé sous un silence.

3.2. L’impératif de communiquer, la contrainte de tout dire ont rendu le silence suspect, inquiétant, en l’assimilant au vide ou à l’insignifiance.

3.2.1. Tremblement, hésitation, peur du vide, le bavardage comble.

3.2.2. du vent, impossible communication, espace vide, néant d’une absence.

3.2.2.1. Blancs interminables dans une conversation, gêne, ennui, enfermement, rencontre impossible.

3.2.2.2. vide effrayant du néant quand il n’y a plus rien à dire, à se dire, sinon une absence.

3.2.3. Le silence ne fait pas de bruit. Mais le silence n’est pas rien.

3.2.4. "Le silence n’est pas vu et il est perçu par l’oreille du dedans. Il n’est pas vu et il devient palpable. Il n’est pas vu et il est possible de le toucher à la façon d’un océan."

3.2.4.1. Marie-Madeleine Davy. 1985. Le désert intérieur, coll. Spiritualités vivantes, Albin Michel.

4. 5. Silence de qui ?

4.1. du patient

4.1.1. Est-ce un silence de digestion ou de conscientisation ? De résonance ou dʼémergence émotionnelle ? Dʼexploration de la mémoire ? De réflexion interne, dʼélaboration et de mise en mouvement ? Dʼimmobilisation dans lʼangoisse ? De stupeur ? De ponctuation ? De ressourcement ? De vexation ? De distraction ? De fatigue, de somnolence ? De désengagement ? De décrochage ? Voire de retrait ?

4.2. du thérapeute

4.2.1. -Attendre que le patient parle, sʼexprime, et lui signifier que lʼespace-temps de la séance est pour lui/elle, -Exprimer une présence habitée à ses côtés, -Se synchroniser avec son propre silence, -Accueillir pleinement ce quʼil.elle vient dʼexprimer, -Faire place à une résonance, où nous éprouvons nous-mêmes un affect lié à son expression,

5. 6. Silence attentif

5.1. Silence intérieur du therapeute

5.2. Silence intuitif

5.2.1. ne nourrit aucune intention

5.2.1.1. Réfléchir sans être dérangé par l’avis intempestif d’un autre (qui n’y connaît rien) !

5.2.1.2. Pouvoir aller jusqu’au bout de son idée, sans être interrompu ou se sentir jugé

5.2.1.3. témoigne d'une présence chaleureuse et responsabilisante.

5.3. disponible, ouvert à votre réflexion

5.3.1. accompagné de quelques questions, feed-back, et reformulations, pour vous aider à avancer dans votre réflexion

5.3.2. être écouté (et de se sentir écouté) = signe de reconnaissance fort, confère de l’énergie et de l’inspiration.

6. 7. Silence profond

6.1. le silence, profond, contient autant de possibles qu’on peut en imaginer

6.1.1. ll est susceptible de signifier ce que la situation exige, ce qui vaut déjà mieux qu’une parole qui tombe à côté.

6.1.1.1. "Il existe en nous un bon et un mauvais silence. Le bon silence, c’est celui de l’écoute, de l’ouverture de l’âme à l’art, à la lumière et à la nuit, à la parole initiale dont toutes les autres ont pu sortir dans la durée d’une vie."

6.1.1.1.1. Claude Vigée. 1992. Dans le silence de l’Aleph, Albin Michel.

6.1.2. Le silence a une signification, qui révèle l’excès de sens, le trop-plein indicible, et le vertige de l’inconnu.

6.1.3. Tandis que la parole engage et expose crûment une réalité, le silence recouvre aussi noblement l’infinité des possibles que le vide absolu, ou même le mal.

7. 8. Silence timé

7.1. micro silences

7.1.1. usage du silence dans un entretien.

7.1.1.1. Le rythme de la question, va-et-vient de la parole donne le ton, la tonalité de la rencontre

7.1.1.2. Une phrase en suspens permettra à la pensée de s’approfondir, de mûrir.

7.1.1.2.1. l'entre-deux de l’échange valide l’écoute et intensifie la parole.

7.2. Silence long

7.2.1. inconfortable et anxiogène

7.2.1.1. opacité et mystère

7.2.2. embarrassant. peut faire peur

7.2.2.1. Forte attraction, comme s’il fallait le remplir

7.2.3. ponctuer et relancer

7.2.3.1. résumer, synthétiser, reformuler, valider, encourager, répéter, inviter, recentrer, guider, recadrer, proposer, commenter, refleter

7.3. le silence intervient après une séquence dʼexpression

7.3.1. prend sens par rapport à ce qui le précède, mais aussi éclairé par lʼexpression verbale qui va lui succéder

7.4. Sa durée contribue aussi à lui donner un sens

7.4.1. indicateur dʼintensité de ce qui habite et motive le silence

7.4.1.1. gène, joie, colère, besoin de décanter, interrogation, désarroi, tactique

8. 9. Silence sacré

8.1. lieux où le silence est de rigueur, participe au déploiement de la vie intérieure, au travail sur soi

8.1.1. silence monastique, psychanalytique

8.1.2. silence méditatif

8.1.3. silence de stupéfaction et de découverte

8.1.4. Silence de naissance ou silence de mort

8.1.5. silence de la décision

8.1.6. silence de connivence amical, silence de communion amoureuse.

8.1.7. isolement voulu, repli

8.2. Silence = Souffle entre les mots, respiration qui rythme une conversation et rend possible la circulation du sens, l’échange des regards, le partage des émotions.

8.2.1. silences coupables ou simplement accablants.

9. 10. Silence et négociation

9.1. S'empresser dans la discussion donne :

9.1.1. Montre à l’autre là où vous vous situez, comment vous vivez l’événement.

9.1.2. Montre votre non tranquillité

9.2. Fanny Bauer-Motti. Le silence, outil redoutable. JDN. 22/07/15

9.3. Prendre le temps de la réflexion, et permettre à l’autre, soit d’en faire de même, soit de s’inquiéter de ce sur quoi vous êtes en train de réfléchir

9.3.1. L'autre ne doit donc pas accéder à votre ressenti. Ni dans vos expressions, ni dans vos réactions.

9.3.2. Apprenez à être, l’espace d’un temps, livre fermé, sans expression et laissez l’autre avec ses actes.

9.3.3. Dans votre silence, vous allez voir en l’autre ce que lui craint de voir chez vous.

9.3.3.1. Pourquoi ? Parce que sans les mots, l’autre imagine.

9.3.3.1.1. le temps du silence est protection parce que la parole vous expose.

9.3.3.1.2. Vous ne devez à personne vos ressentis, vos pensées, votre quotidien. La vérité nous ne la devons en premier lieu qu’à nous-mêmes

9.3.3.2. Cela vous donnera plusieurs indices : ses failles, son interprétation de la réalité, et comment vous positionner par la suite.

9.3.3.3. le silence va vous permettre de faire douter l’autre. Sur ce qu’il dit, sur ce que vous pensez. Le silence brouille les pistes.

10. 3. Le silence mutique

10.1. Conséquences du psychotraumatisme

10.1.1. Sidération

10.1.1.1. Les violences ne peuvent pas être intégrées

10.1.1.2. effraction

10.1.1.3. Paralysie des fonctions supérieures

10.1.1.3.1. immobilisation, inaction physique et psychique

10.1.1.4. impact santé mentale et physique ++

10.1.2. Dissociation traumatique

10.1.2.1. Si paralysie des fonctions supérieures, pas de modulation des réponses émotionnelles

10.1.2.2. Activation de l'amygdale sans réponse donc hyperactivation ++

10.1.2.2.1. Stress ++ cortisol et adrénaline augmentent +++

10.1.2.2.2. "Disjonctage" !

10.1.3. Mémoire traumatique

10.1.3.1. Mémoire non contextualisée dans le temps et l'espace. non intégrée en mémoire autobiographique

10.1.3.1.1. Reviviscence à l'identique

10.1.3.1.2. Attaques de panique, angoisses

10.1.3.1.3. Réactivation par bruit, odeur, lien,

11. 4. Le silence plein

11.1. Alain Cardon. 2021. L’art véritable du Maître Coach. InterEditions

11.2. volume

11.2.1. « Ce n’est qu’au sein de ce vide accueillant que le client peut véritablement se chercher, se développer puis s’épanouir. Si le client achète une compétence précise à un coach, c’est sa capacité à créer un volume, voire un univers vide de toute influence au sein duquel il va pouvoir se trouver, se définir, se déployer et se conjuguer, totalement libre d’influences externes. Bien entendu, afin de pouvoir offrir cet espace de liberté, voire ce vide à son client, le coach doit lui-même d’abord faire son propre ménage intérieur. Alors qu’il écoute le client, le coach doit s’abstenir d’encombrer l’espace commun avec ses propres pensées, ses émotions, ses connaissances, ses projets ou ses solutions. Comme un espace sidéral, le vide ainsi offert au client est sans odeur et sans saveur, sans distinction aucune, sans haut et sans bas, sans intérieur ni extérieur, inclusion ni exclusion. Simplement chaleureux, cet espace est totalement vierge de toute information. »

11.3. aspiration

11.3.1. « Pour un maître coach, c’est l’ensemble de la relation avec le client qui se fait sous un vide presque permanent, une aspiration constante. Par conséquent, la fonction d’aspiration est presque une définition de la relation de coaching. Le silence et le vide que le maitre coach propose ne sont plus une technique mais font partie de l’ensemble de la présence attentive, à la fois puissante et exigeante, accordée au client. »

11.4. questions

11.4.1. « Soulignons ici que la pertinence de presque toutes les autres compétences essentielles du coach professionnel – savoir poser des questions puissantes, reformuler, voire répéter un mot clé – se mesurent aussi au vide qu’elles permettent de provoquer chez le client. Une question puissante, bien formulée au moment opportun pour le client sera généralement suivie d’un long silence au cours duquel celui-ci se sonde, se cherche, et réfléchit. Et ce silence est recherché. Il ne doit surtout pas être interrompu. »

11.5. réponse

11.5.1. « Une bonne question provoque donc le silence du client, accompagné par le coach. Plus la question du coach est bonne, plus le silence du client se fait long et profond. A l’opposé, il est souvent possible d’affirmer qu’une question à laquelle un client répond sans hésitation est probablement une question sans aucun intérêt, en tous cas pour le client. Puisqu’il en connait déjà la réponse, la question ne lui apporte en effet rien de nouveau. »

11.6. se taire

11.6.1. « Lorsqu’un client sait immédiatement répondre à son coach, son intervention peut être considérée comme simplement incrémentale ou informative. Lorsqu’au lieu de répondre à une question, le client plonge dans une réflexion profonde et silencieuse, c’est là que le coach peut encore davantage se taire et recommencer à réellement écouter. »

11.7. silence et densité

11.7.1. « Par conséquent, la présence silencieuse du coach mérite d’être plus appuyée ou plus dense et intense lorsque le client se tait. En silence, le client se cherche souvent beaucoup plus profondément que lorsqu’il s’exprime et comble l’espace de la relation. Il s’ensuit que plus le client est véritablement en relation de coaching, plus le coach est silencieux. Et vice versa. »

11.8. s'entendre

11.8.1. « Pareillement, lorsqu’occasionnellement, le coach reformule une phrase du client, lorsqu’il relève une de ses expressions ou encore lorsqu’il répète avec interrogation un mot clé, ce n’est pas tant pour en savoir plus mais surtout pour aider le client à s’interrompre pour réellement s’entendre et recommencer à plus profondément s’écouter. Nous pouvons en conclure que les meilleures interventions du coach servent essentiellement à interrompre le client et à le ramener à son silence ou à sa réflexion. Lorsque le client parle, il n’exprime que ce qu’il sait déjà. Il explique au coach. Lorsqu’il se tait et réfléchit, c’est qu’il se cherche de nouvelles images, des mots qui lui sont inconnus, c’est qu’il ose s’aventurer hors de son univers habituel afin de saisir des formes qui jusque-là lui avaient échappé. C’est dans ces moments de silence intensif que le client cherche à se créer de nouvelles synapses. »

11.8.2. « Le coaching est essentiellement une approche interruptive qui fonctionne par aspiration. C’est pour cette raison peut-être que le coach est réputé ne jamais pousser son client pour le faire avancer. Fondamentalement, le coaching fonctionne par aspiration plutôt que par traction ou propulsion. »

12. Podcast

12.1. Les pouvoirs du silence. France Culture