1. Appel au émotions
1.1. Appel à la pitié
1.1.1. ad misericordiam
1.1.1.1. Exploiter un sentiment de pitié afin d'appuyer son argument
1.2. Appel à la peur
1.2.1. in terrorem
1.2.1.1. Créer l'approbation d'une propostition en utilisant des menaces ou des peurs existantes ou non
1.3. Appel à la flatterie
1.3.1. Complimenter ou flatter son interlocuteur afin d'obtenir son appui
1.4. Appel au ridicule
1.4.1. Caricaturer ou éxagérer un argument au point de rendre ridicule afin de le rendre plus facilement réfutable
2. Autres arguments
2.1. Fausse analogie
2.1.1. Discréditer un propos en utilisant une situation lui ressemblant de manière lointaine
2.2. Déshonneur par association
2.2.1. Discréditer une personne ou un propos en l'associant à une personne, un groupe ou une idée indésirable
2.3. Pétition de principe
2.3.1. Utiliser comme un élément de son argumentaire une prémisse qui contient la conclusion à laquelle on souhaite aboutir
2.4. Non sequitur
2.4.1. Une conclusion qui ne suit pas les prémisses
3. Jugements sur soi et sur les autres
3.1. L'illusion positive
3.1.1. L'illusion positive est un optimisme irréaliste lié à une évaluation exagérée de ses capacités. Les études ont montré que la majorité des gens ont tendance à se considérer meilleurs que la moyenne sur une diversité de capacités, ce qui est nécessairement erroné. Un exemple d'illusion positive très répandue est l'illusion de supériorité morale.
3.2. L'erreur fondamentale d'attribution
3.2.1. L'erreur fondamentale d'attribution est la tendance à surestimer les facteurs personnels (tels que la personnalité) pour expliquer le comportement d'autres personnes et à sous-estimer les facteurs conjoncturels.
3.3. L'excès de confiance
3.3.1. L'excès de confiance est la tendance à surestimer ses capacités. Ce biais a été mis en évidence par des expériences en psychologie qui ont montré que, dans divers domaines, beaucoup plus que la moitié des participants estiment avoir de meilleures capacités que la moyenne. Ainsi, plus que la moitié des gens estiment avoir une intelligence supérieure à la moyenne.
3.4. L'effet Dunning-Kruger
3.4.1. L'effet Dunning-Kruger est le résultat de biais cognitifs qui amènent les personnes les moins compétentes à surestimer leurs compétences et les plus compétentes à les sous-estimer. Cet effet a été démontré dans plusieurs domaines.
3.5. Le biais d'autocomplaisance
3.5.1. Le biais d'autocomplaisance est la tendance à s'attribuer le mérite de ses réussites et à attribuer ses échecs à des facteurs extérieurs défavorables.
3.6. L'effet Barnum ou effet Forer
3.6.1. Le biais de l'effet barnum (ou effet Forer) consiste à accepter une vague description de la personnalité comme s'appliquant spécifiquement à soi-même. Les horoscopes jouent sur ce phénomène.
3.7. L'effet de halo
3.7.1. L'effet de halo se produit quand la perception d'une personne ou d'un groupe est influencée par l'opinion que l'on a préalablement pour l'une de ses caractéristiques. Par exemple, une personne de belle apparence physique sera perçue comme intelligente et digne de confiance. L'effet de notoriété est aussi un effet de halo.
4. Comportements et jugements sociaux
4.1. Le biais de conformisme
4.1.1. Le biais de conformisme est la tendance à penser et agir comme les autres le font. (Surprenante tendance au conformisme : l'expérience de Asch)
4.2. L'ignorance pluraliste
4.2.1. L'ignorance pluraliste, un concept introduit en 1930 par les psychologues Floyd Allport et Daniel Katz, désigne un phénomène dans lequel une majorité de membres d'un groupe rejettent en privé une norme, mais supposent à tort que la plupart des autres l'acceptent, et donc s'y conforment.
4.3. Le biais de faux consensus
4.3.1. Le biais de faux consensus est la tendance à croire que les autres sont d'accord avec nous plus qu'ils ne le sont réellement. Ce biais peut être particulièrement présent dans des groupes fermés dans lesquels les membres rencontrent rarement des gens qui divergent d'opinions et qui ont des préférences et des valeurs différentes. Ainsi, des groupes politiques ou religieux peuvent avoir l'impression d'avoir un plus grand soutien qu'ils ne l'ont en réalité.
4.4. Le biais de favoritisme intragroupe
4.4.1. Le biais de favoritisme intragroupe (ou endogroupe) est la tendance à favoriser les gens qui appartiennent à un même groupe que nous comparativement aux personnes qui n'en font pas partie.
4.5. La croyance en un monde juste
4.5.1. La croyance en un monde juste est la tendance à croire que le monde est juste et que les gens méritent ce qui leur arrive. Des études ont montré que cette croyance répond souvent à un important besoin de sécurité. Différents processus cognitifs entrent en œuvre pour préserver la croyance que la société est juste et équitable malgré les faits qui montrent le contraire.
4.6. L'effet de simple exposition
4.6.1. L’effet de simple exposition est une augmentation de la probabilité d'un sentiment positif envers quelqu'un ou quelque chose par la simple exposition répétée à cette personne ou cet objet. Ce biais peut intervenir notamment dans la réponse à la publicité.
4.7. L'effet boomerang
4.7.1. L'effet boomerang est le phénomène selon lequel les tentatives de persuasion ont l'effet inverse de celui attendu. Les croyances initiales sont renforcées face à des preuves pourtant contradictoires
5. Jugements sur des événements passés, présents ou futurs
5.1. Le biais rétrospectif
5.1.1. Le biais rétrospectif (« hindsight bias ») est la tendance à surestimer, une fois un événement survenu, comment on le jugeait prévisible ou probable.
5.2. Le biais de négativité
5.2.1. Le biais de négativité est la tendance à donner plus de poids aux informations et aux expériences négatives qu'aux positives et à s'en souvenir davantage.
5.3. Le biais de normalité
5.3.1. Le biais de normalité est une tendance à croire que les choses fonctionneront à l'avenir comme elles ont fonctionné normalement dans le passé et donc à sous-estimer, par exemple, la probabilité d'un événement exceptionnel tel qu'une catastrophe et ses effets possibles.
5.4. Le biais d'optimisme
5.4.1. Le biais d'optimisme est une tendance à accorder plus d'attention aux bonnes nouvelles qu'aux mauvaises. (En situation de stress, l'anxiété aide à éviter les risques du biais cognitif d'optimisme)
6. Origine
6.1. Le concept de biais cognitif a été introduit au début des années 1970 par les psychologues Daniel Kahneman (prix Nobel d'économie 2002) et Amos Tversky pour expliquer certaines tendances vers des décisions irrationnelles dans le domaine économique.
6.1.1. Certains biais s'expliquent par les ressources cognitives limitées (temps, informations, intérêt, capacités cognitives). Lorsque ces dernières sont insuffisantes pour réaliser l'analyse nécessaire à un jugement rationnel, des raccourcis cognitifs (appelés heuristiques) permettent de porter un jugement rapide.
6.1.1.1. Daniel Kahnemann 2012. Système 1 / Système 2: Les deux vitesses de la pensée Flammarion
6.1.2. D'autres biais reflètent l'intervention de facteurs motivationnels, émotionnels ou moraux ; par exemple, le désir de maintenir une image de soi positive ou d'éviter une dissonance cognitive (avoir deux croyances incompatibles) déplaisante.
7. Les arguments fallacieux
7.1. Appel à la tradition
7.1.1. ad antiquitatem
7.1.1.1. Considérer une proposition vraie sur la base de son ancienneté
7.2. Argument d'autorité
7.2.1. ad verecundiam
7.2.1.1. invoquer une autorité pour justifier et légitimer son propos
7.3. Appel à la popularité
7.3.1. ad populum
7.3.1.1. Considérer une proposition vraie parce qu'un nombre important de personnes la considère vraie
7.4. Appel à l'exotisme
7.4.1. ad exoticum
7.4.1.1. Considérer une proposition vraie à partir de son origine culturelle ou géographique
7.5. Appel à la nature
7.5.1. ad naturam
7.5.1.1. Considérer que la nature est bonne par essence
7.6. Pente savonneuse (glissante)
7.6.1. Développement abusif des conséquences, prétendre qu'adopter une position amorcerait une réaction en chaîne de conséquences qui conduirait à une situation catastrophique
8. Les biais de raisonnement
8.1. Confusion entre corrélation et causalité
8.1.1. post hoc, ergo propter hoc
8.1.1.1. suite à cela, donc à cause de cela
8.1.1.2. deux évenements qui se succèdent n'implique pas que l'un soit la cause de l'autre
8.1.2. cum hoc, ergo propter hoc
8.1.2.1. avec cela, donc à cause de cela
8.1.2.2. deux évenements qui ont lieu au même moment n'implique pas que l'un soit la cause de l'autre
9. Raisonnement fallacieux
9.1. Généralisation abusive
9.1.1. Tirer une conclusion à partir d'une expérience isolée ou d'un échantillon trop limité pour être significatif ou pertinent
9.2. Homme de paille (épouvantail)
9.2.1. Présenter la proposition de son interlocuteur de façon axagérée ou déformée afin de réfuter plus facilement son propos
9.3. Sauvetage (hypothèse) ad hoc
9.3.1. Ajouter une hypothèse à une théorie afin de l'empêcher de la voir réfuter
9.4. Procès d'intention
9.4.1. Discréditer le propos d'une personne en lui prêtant des intentions qu'elle n'a pas
9.5. Faux dilemme
9.5.1. Réduite abusivement un problème à deux choix alors qu'il en existe d'autres pour forcer une conclusion
9.6. Sophisme du sophisme
9.6.1. Rejeter une cause parce qu'elle est mal défendue ou parce que l'interlocuteur utilise des sophismes pour la défendre
9.7. Sophisme du vrai écossais
9.7.1. Réaffirmer une généralisation qui aurait été réfutée par un contre exemple
10. Raisonnement et jugement
10.1. Le biais de confirmation
10.1.1. Le biais de confirmation est la tendance, très commune, à ne rechercher et ne prendre en considération que les informations qui confirment les croyances et à ignorer ou discréditer celles qui les contredisent.
10.2. Le biais de croyance
10.2.1. Le biais de croyance se produit quand le jugement sur la logique d'un argument est biaisé par la croyance en la vérité ou la fausseté de la conclusion. Ainsi, des erreurs de logique seront ignorées si la conclusion correspond aux croyances.
10.3. Le biais de représentativité
10.3.1. Le biais de représentativité est un raccourci mental qui consiste à porter un jugement à partir de quelques éléments qui ne sont pas nécessairement représentatifs.
10.4. L'illusion de fréquence
10.4.1. L'illusion de fréquence consiste, après avoir remarqué une chose une première fois, à avoir tendance à la remarquer plus souvent, ce qui conduit à croire qu'elle se produit plus fréquemment qu'auparavant.
10.5. Le biais du survivant
10.5.1. Le biais du survivant est une forme de biais de sélection consistant à surévaluer les chances de succès d'une initiative en concentrant l'attention sur les cas ayant réussi (les « survivants ») plutôt que des cas représentatifs. Par exemple, les gens qui ont réussi ont une visibilité plus importante, ce qui pousse les autres à surestimer leurs propres chances de succès.
10.6. L'illusion de corrélation
10.6.1. L'illusion de corrélation consiste à percevoir une relation entre deux événements non reliés ou encore à exagérer une relation qui est faible en réalité. Par exemple, l'association d'une caractéristique particulière chez une personne au fait qu'elle appartienne à un groupe particulier alors que la caractéristique n'a rien à voir avec le fait qu'elle appartienne à ce groupe.
10.7. L'illusion de savoir
10.7.1. L'illusion de savoir consiste à se fier à des croyances erronées pour appréhender une réalité et à ne pas chercher à recueillir d'autres informations. La situation est jugée à tort comme étant similaire à d'autres situations connues et la personne réagit de la façon habituelle. Ainsi, une personne pourra sous-exploiter les possibilités d'un nouvel appareil.
10.8. L'effet de vérité illusoire
10.8.1. L'effet de vérité illusoire (ou effet d'illusion de vérité) est la tendance à croire qu'une information est vraie après une exposition répétée.
10.9. Le biais de la disponibilité en mémoire
10.9.1. Le biais de la disponibilité en mémoire consiste à porter un jugement sur une probabilité selon la facilité avec laquelle des exemples viennent à l'esprit. Ce biais peut, par exemple, amener à prendre pour fréquent un événement récent.
11. Biais intervenant dans les prises de décision
11.1. L'aversion de la dépossession
11.1.1. L’aversion de la dépossession (ou effet de dotation) désigne une tendance à attribuer une plus grande valeur à un objet que l'on possède qu’à un même objet que l'on ne possède pas. Ainsi, le propriétaire d'une maison pourrait estimer la valeur de celle-ci comme étant plus élevée que ce qu'il serait disposé à payer pour une maison équivalente.
11.2. Le biais de statu quo
11.2.1. Le biais de statu quo est la tendance à préférer laisser les choses telles qu'elles sont, un changement apparaissant comme apportant plus de risques et d'inconvénients que d'avantages possibles. Dans divers domaines, ce biais explique des choix qui ne sont pas les plus rationnels. (Un biais se rapprochant du biais de statu quo est celui de la tendance à la justification du système.)
11.3. Le biais d'omission
11.3.1. Le biais d'omission consiste à considérer que causer éventuellement un tort par une action est pire que causer un tort par l’inaction. Ainsi, le biais d'omission pourrait contribuer à expliquer que, dans l'incertitude, certains choisiront de refuser la vaccination pour leurs enfants.
11.4. Le biais de cadrage
11.4.1. Le biais de cadrage est la tendance à être influencé par la manière dont un problème est présenté. Par ex. la décision d'aller de l'avant ou pas avec une chirurgie peut être affectée par le fait que cette chirurgie soit décrite en termes de taux de succès ou en terme de taux d'échec, même si les deux chiffres fournissent la même information.
11.5. Le biais d'ancrage
11.5.1. Le biais d'ancrage est la tendance à utiliser indument une information comme référence. Il s'agit généralement du premier élément d'information acquis sur le sujet. Ce biais peut intervenir, par exemple, dans les négociations, les soldes des magasins ou les menus de restaurants. (Dans les négociations, faire la première offre est avantageux.)