
1. L'Enseignement
1.1. L'Enseignant comme Concepteur Pédagogique Pour Tricot, enseigner ne se limite pas à appliquer des méthodes ou à transmettre des savoirs. C'est fondamentalement un acte de conception. L'enseignant est un professionnel qui analyse la situation (élèves, contexte, objectifs), conçoit des dispositifs et des expériences d'apprentissage adaptés, les met en œuvre, puis les évalue pour les ajuster.
1.2. La Méfiance envers les "Solutions Directes" Cette posture de concepteur explique la méfiance d'André Tricot envers les "solutions directes" ou les méthodes "prêtes à l'emploi". Il argumente que l'efficacité d'une pratique pédagogique est fortement dépendante du contexte spécifique dans lequel elle s'inscrit. De plus, chercher à imposer des solutions toutes faites risque de déprofessionnaliser les enseignants, en niant leur expertise et leur capacité d'analyse. Il plaide plutôt pour le partage de "connaissances pour la conception" : des outils théoriques et méthodologiques qui permettent aux enseignants de construire leurs propres solutions éclairées.
2. Qu'est-ce qu'un "MYTHE" en ÉDUCATION ?
2.1. Définition : Croyance largement répandue. Caractéristiques : - Manque de preuves empiriques solides. - Similaire à une légende urbaine. -Souvent acceptée comme une évidence.
2.1.1. Le Mythe des "Digital Natives"
2.1.1.1. Croyance répandue : Ce mythe postule que les jeunes générations, nées et élevées à l'ère du numérique, posséderaient des compétences innées et des modes d'apprentissage fondamentalement différents, les rendant naturellement plus aptes à apprendre avec la technologie.
2.1.1.2. Réalité et nuances apportées par Tricot : Tricot souligne que les recherches scientifiques ne confirment pas de manière probante cette idée d'une transformation radicale et universelle des capacités d'apprentissage. Il met en garde contre la simple exposition aux outils et insiste sur l'importance d'une intégration pédagogique réfléchie et critique de la technologie, adaptée aux objectifs d'apprentissage.
2.1.2. Le Mythe de l'Apprentissage par l'Activité
2.1.2.1. Croyance répandue : Cette idée suggère que pour apprendre efficacement, les élèves doivent impérativement être en activité physique constante, manipuler des objets, ou être engagés dans des tâches motrices.
2.1.2.2. éalité et nuances apportées par Tricot : Si l'engagement est crucial, Tricot précise que l'activité cognitive (réfléchir, analyser, expliquer, argumenter) est plus déterminante pour l'apprentissage profond que la simple activité physique. Il réfère à des niveaux d'engagement (passif, actif, constructif, interactif), soulignant que les formes d'engagement qui sollicitent fortement la cognition (constructif, interactif) sont celles qui favorisent le mieux les apprentissages.
2.1.3. Le Mythe de la Supériorité de l'Apprentissage par la Découverte Autonome
2.1.3.1. Croyance répandue : Ce mythe affirme que les élèves apprennent toujours mieux et plus profondément lorsqu'ils découvrent les choses par eux-mêmes, sans intervention directe de l'enseignant.
2.1.3.2. Réalité et nuances apportées par Tricot : Tricot nuance fortement cette affirmation. L'efficacité de l'apprentissage par la découverte dépend grandement de la complexité de ce qui est à découvrir : une tâche trop difficile peut mener à l'échec et au découragement. Un guidage approprié de la part de l'enseignant est souvent indispensable. Il distingue aussi l'apprentissage de la démarche de découverte elle-même de l'utilisation de la découverte comme moyen pour acquérir des connaissances spécifiques.
2.1.4. Le Mythe de l'Efficacité Prouvée de la Pédagogie Par Projet
2.1.4.1. Croyance répandue : La pédagogie par projet est souvent présentée comme une approche moderne dont l'efficacité supérieure sur les apprentissages serait solidement établie.
2.1.4.2. Réalité et nuances apportées par Tricot : André Tricot met en lumière un manque surprenant de recherches empiriques robustes et à grande échelle qui démontreraient de manière incontestable la supériorité de la PPP sur d'autres approches en termes d'acquisition de connaissances par les élèves. Beaucoup d'études existantes présentent des limites méthodologiques.